Chapitre 7
Santé au travail et cadre juridique
Le fait de travailler à distance ne devrait pas modifier l’impact du travail sur votre état de santé. En effet, cela modifie votre façon de travailler et vos conditions de travail. Néanmoins, il est essentiel de se conformer à certains principes de base afin de préserver votre capital santé ainsi que votre productivité.
Il existe également une législation qui définit des règles à respecter notamment dans le cas du télétravail.
Santé et bien-être au travail
Pour prévenir les risques liés au télétravail, vous trouverez des ressources intéressantes sur le site Internet de l’Inrs10.
Faire des pauses
Il est important d’organiser un planning et une to-do list. Comme nous l’avons au chapitre 6, il existe des outils numériques pour vous aider à gérer votre temps.
Si vous préférez gérer votre liste de tâches à effectuer en ligne plutôt que sur papier, nous vous invitons à vous référer au début du chapitre 3. Les outils numériques permettant de gérer une to-do-list y ont été présentés.
Nous vous invitons à répartir un temps de travail précis pour chaque tâche que vous avez à faire.
Au sein de votre planning, pensez à y insérer des pauses de 10 minutes toutes les 2 heures. Ces pauses seront l’occasion de sortir de l’endroit où vous avez installé votre bureau et de vous accorder un moment de repos nécessaire afin de ne pas tomber notamment dans une fatigue oculaire et liée à une posture prolongée. Les pauses au travail vous permettent également de vous sentir mentalement et physiquement revigoré, ce qui aide à éviter un éventuel épuisement professionnel.
Nous vous conseillons de prendre une véritable pause pour votre déjeuner et d’utiliser votre cuisine pour prendre votre repas.
Prendre des pauses vous aide à vous rappeler que le temps de travail est limité et s’arrête. Lorsque la journée de travail est terminée, il est fondamental que vous puissiez prendre du recul et laisser vos tâches et vos projets derrière vous.
Reposer vos yeux
Plus vous travaillez sur écran, plus le risque de fatigue visuelle est accru. Elle peut provoquer de multiples symptômes. Afin d’éviter cette fatigue visuelle, nous préconisons des pauses régulières environ toutes les 20 minutes. Elles doivent vous permettre de détacher le regard de l’écran et de regarder au loin pendant 20 secondes.
La luminosité de la pièce où vous travaillez doit être adaptée. Il faut éviter un excès de luminosité ou au contraire, une trop faible luminosité ambiante.
Reposer votre dos
Les Français en télétravail sont plus sujets aux lombalgies. Selon une étude effectuée auprès de 6 000 personnes en télétravail à l’issue du confinement du printemps 202011, environ 10 % en avaient développé une pour la première fois. En outre, l’incidence des lombalgies était 2,5 fois plus importante chez les personnes nouvellement placées en télétravail.
Il existe plusieurs causes qui peuvent provoquer le mal de dos en télétravail.
Le lieu ainsi que le matériel que vous utilisez ne sont pas toujours adaptés. Ainsi, ils peuvent engendrer de mauvaises postures.
En télétravail, vous êtes aussi plus sédentaire ce qui n’est pas recommandé pour votre dos.
Si vous ne vous ménagez pas suffisamment de temps de pause lors de votre télétravail, cela peut entraîner du stress qui peut lui-même favoriser les maux de dos.
Il est indispensable d’aménager avec soin son poste de travail (cf. chapitre précédent) afin d’avoir une posture la plus naturelle possible.
Pour prévenir le mal de dos engendré par une position assise prolongée, il y a plusieurs principes à adopter. Tout d’abord, il est important de s’étirer le dos quotidiennement pour relâcher les tensions. Efforcez-vous également à bouger régulièrement pendant votre journée de travail car la mobilité de votre dos est indispensable. Pour ce faire, vous avez la possibilité de passer certains de vos appels téléphoniques en marchant. Si vous avez un plan de travail en hauteur à votre domicile, vous pourrez alterner entre des temps de travail debout et des temps de travail assis. Comme évoqué précédemment, il vous faut également prévoir des temps de pause ce qui vous permettra de varier les postures.
Votre corps n’est pas adapté pour rester immobile toute la journée. Il faut penser à se lever toutes les deux heures environ et à s’hydrater régulièrement.
Une activité physique est fortement conseillée car elle vous permettra de tonifier vos muscles et donc de moins solliciter vos lombaires.
Enfin, choisissez une méthode qui vous correspond pour vous aider à diminuer votre stress.
Se relaxer
Il existe de nombreuses plateformes en ligne de relaxation et de bien-être. Elles peuvent être une aide précieuse lorsque vous télétravaillez.
Yoga
Pourquoi ne pas utiliser la gratuité d’internet pour prendre des cours de yoga en ligne ?
Il existe de nombreux cours de yoga gratuits en vidéo. Il vous suffit de rechercher dans YouTube une posture, un type de yoga ou un nom de professeur réputé, et vous aurez de nombreux résultats de vidéos disponibles.
Si vous préférez faire une séance de yoga depuis chez vous avec des professionnels de la discipline, vous avez le choix entre de multiples sites web proposant des cours payants à la séance ou au forfait.
À titre d’exemple, nous pouvons citer : Yoga Play, Oly Be, MyQee, YogaConnect, Get Yogi, CasaYoga.tv…
Méditation
Depuis quelques années, la méditation connaît un fort développement. Les confinements mis en place avec la pandémie de Covid-19 n’ont fait que renforcer cette tendance.
Si vous souhaitez prendre soin de vous et réduire votre niveau de stress, vous pouvez recourir à une application pour méditer.
Petit Bambou est une application proposée avec un abonnement payant. Elle s’adresse aux débutants comme aux pratiquants avancés.
La notification quotidienne de l’application Calm, à méditer au fil des séances, se rappelle à notre bon souvenir pour pratiquer une méditation libre, avec ou sans carillon, et chronométrée. L’application propose cinq programmes thématiques de sept jours. Elle est disponible sur abonnement.
Headspace est une application qui offre la possibilité de méditer ailleurs que dans un espace fermé et paisible. Il s’agit également d’une application payante et accessible sur abonnement.
Musique
Pour vous détendre pendant vos pauses, vous pouvez écouter de la musique de relaxation. Ce type de musique est accessible via des radios, via YouTube ou à partir de plateformes.
Radio PLENITUDE vous propose de la musique bien-être, relaxante et méditative.
Sur de nombreuses chaînes YouTube vous pouvez découvrir de la musique de relaxation et de bien-être.
Quant aux services de streaming, ils mettent à votre disposition des playlists de musique relaxante.
Faire du sport
Il est possible de faire du sport à votre domicile en ligne. De nombreuses applications gratuites et des sites Internet proposent aujourd’hui des contenus accessibles pour faciliter la pratique d’activités physiques chez vous.
Pour réaliser des séances courtes, utilisez les applications suivantes : Seven, 7 Minutes Workout et Sworkit Coach Personnel
Les applications Kiplin et Kinomap permettent de faire un peu d’activité physique de manière ludique.
Séparer vie professionnelle et vie personnelle
La séparation entre vie professionnelle et vie personnelle fonctionne dans les deux sens.
En effet, il n’est pas évident d’arriver à passer d’un contexte à l’autre et donc de parvenir à séparer le professionnel du personnel.
Travailler chez soi est difficile, surtout si l’on travaille dans un lieu qui n’est pas dédié au travail et qui n’est pas séparé du reste de votre habitation. Cette question a été abordée au chapitre 6 dans la partie consacrée à l’aménagement de son espace de travail à domicile.
Vous devrez veiller à ne pas vous laisser envahir par les sollicitations qui relèvent du domaine personnel.
Pensez à éteindre la télévision et à mettre votre téléphone personnel sur silencieux pour éviter d’être dérangé. Si vous attendez des coups de fil de votre responsable, prévenez vos ami(e)s que vous êtes occupé.
Si vous avez des enfants, combinez votre temps de travail à leur sieste, vous serez plus tranquille. Si vous le pouvez, alternez le temps de garde avec votre partenaire : s’il travaille le matin, travaillez l’après-midi.
Il est primordial de s’habiller comme si vous alliez sur un lieu de travail. Cela vous permet de vous mettre en situation professionnelle. Il vous faudra d’autant plus soigner votre apparence lorsque vous avez des visioconférences programmées dans la journée.
Nous vous conseillons aussi de prendre vos repas en dehors du lieu dédié à votre travail. Il est préférable de vous installer dans votre cuisine.
À l’inverse, il est parfois très difficile d’effectuer une coupure avec votre travail. En effet, vous n’avez pas le trajet travail-domicile pour vous aider à faire cette coupure.
Il est important de s’efforcer à se déconnecter de son travail et à essayer de respecter des plages horaires dédiées au travail. Sinon, c’est votre vie personnelle et votre santé qui risquent d’en pâtir. Les outils d’agenda, qui ont été étudiés au chapitre 6, peuvent vous aider à bien vous organiser.
Législation
Droit à la déconnexion
Le droit à la déconnexion a pour objectif de permettre aux salariés de concilier vie personnelle et vie professionnelle, tout en luttant contre les risques d’épuisement professionnel. Pour cela, ils doivent avoir la possibilité de ne pas se connecter aux outils numériques et de ne pas être contactés par leur employeur en dehors de leur temps de travail. Ce droit à la déconnexion concerne tous les salariés, notamment ceux qui sont en télétravail ou qui bénéficient du statut cadre.
La loi Travail a été adoptée le 21 juillet 2016. L’un de ses objectifs a été d’adapter le droit du travail à l’ère du digital. Le principe de droit à la déconnexion a été repris dans l’article 55 de la loi, qui se trouve dans le chapitre II intitulé « Adaptation du droit du travail à l’ère du numérique ».
Ce principe était déjà apparu dans la jurisprudence. En effet, bien avant, la loi Travail, en février 2014, la Cour de cassation avait déjà reconnu le droit à la déconnexion.
Les dispositions relatives au droit à la déconnexion dans la loi Travail concernent les salariés du secteur privé. Toutefois, dans la fonction publique, certaines collectivités ont mis en place un système pour favoriser le droit à la déconnexion.
Loi sur le télétravail
Le télétravail est une forme d’organisation du travail basée sur les technologies de l’information et de la communication.
Le télétravail permet ou impose au salarié de travailler ailleurs que dans les locaux de son employeur.
Le salarié peut donc travailler soit chez lui, soit dans un lieu équipé de matériels informatiques et mis à disposition (s’il habite loin de son entreprise ou s’il a une profession nomade par exemple).
Cette forme d’organisation du travail est encadrée par les articles L.1222-9, L.1222-10 et L.1222-11 du Code du travail, qui définissent le statut et les droits du télétravailleur.
Ces dispositions sont complétées par le contrat de travail ou un avenant à ce dernier.
Depuis la réforme du Code du travail, la mise en place du télétravail dans l’entreprise s’effectue par accord collectif ou par le biais d’une charte élaborée par l’employeur.
En l’absence d’accord collectif ou de charte dans l’entreprise, le salarié et l’employeur peuvent se mettre d’accord pour recourir au télétravail. C’est notamment le cas lorsque le recours au télétravail est occasionnel. L’employeur et le salarié doivent alors formaliser leur accord par tous moyens. Il peut par exemple s’agir d’un simple échange d’e-mails.
Un salarié peut demander à travailler en télétravail. Mais l’employeur est libre d’accepter ou de refuser. Si l’employeur refuse le télétravail à un salarié alors que le poste occupé par ce dernier est éligible au télétravail dans les conditions prévues par accord collectif ou, à défaut, par la charte, il doit lui fournir les raisons de sa décision.
À l’inverse, un employeur ne peut pas imposer le télétravail à son salarié. Il faut que celui-ci donne son accord.
Dans certains cas exceptionnels, comme en cas d’épidémies, d’intempéries, de pics de pollution ou d’inondations par exemple, le recours au télétravail peut avoir lieu de manière ponctuelle afin de permettre la continuité de l’activité de l’entreprise et garantir la protection des salariés. Juridiquement, la mise en œuvre du télétravail est alors considérée comme un simple aménagement du poste de travail.
Le télétravailleur a les mêmes droits que les autres salariés (accès à la formation professionnelle, santé et sécurité au travail, droit à la déconnexion, respect de la vie privée, participation aux élections professionnelles, accès aux avantages sociaux, etc.).
Le salarié en télétravail est prioritaire pour occuper ou reprendre un poste sans télétravail qui correspond à ses qualifications et compétences professionnelles.
Témoignage
Jean Baget - Avocat, titulaire de la spécialité en Droit des Sociétés Commerciales et Civiles
« On peut dire, pour parler un langage cher au monde médical, que la fonction crée l’organe.
Le télétravail étant la fonction et l’outil numérique se présentant comme l’organe.
Je préciserai ma réflexion à l’aune de mon expérience professionnelle.
Un peu d’histoire.
C’est difficile à croire, mais lorsque j’ai commencé ma carrière professionnelle c’est-à-dire en 1980, je me servais d’une machine à écrire, certes électronique, mais je l’alimentais en papier, l’imprimante grand public n’existait pas encore.
Même mon maître de stage utilisait encore une machine manuelle à l’ancienne.
Le fait que cette machine fût électronique et moins encombrante, me permit de travailler ailleurs que sur mon lieu de travail.
En travaillant le soir ou le week-end à mon domicile avec cet instrument de frappe, n’étais-je pas déjà en télétravail comme d’ailleurs de nombreux indépendants, libéraux et cadres d’entreprises.
La « préhistoire du télétravail » a quand même duré au moins dans ma branche d’activité jusqu’à l’avènement des ordinateurs portables, puis sûrement jusqu’à l’apparition des phénomènes Internet et téléphones portables.
Tout ce que certains visionnaires avaient parfaitement annoncé dans les années 2000, c’est-à-dire une révolution informatique rendant les sociétés modernes « liquides », s’est produit.
La pandémie de Covid-19 n’a été que le révélateur du besoin de l’individu de s’affranchir des anciennes règles du droit du travail fixant le lieu principal, voire unique, où doit s’effectuer la relation avec l’employeur.
61 % des Français aspirent au télétravail alors que ce n’est une réalité que pour 17 %.
Le paradoxe est que l’injonction de télétravailler est venue d’en haut par une première ordonnance du 21 Septembre 2017 -ord 2017-1387 article 24.I-, déjà avant le Covid.
Ces textes ont donné au télétravail la définition suivante : toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié en dehors de ses locaux en utilisant les technologies de l’information et de la communication.
Il est dit que le télétravailleur possède les mêmes droits que les autres salariés et l’employeur a l’obligation chaque année d’organiser un entretien sur les conditions d’activité et sur la charge de travail notamment pour le respect du droit à la déconnexion.
La législation pendant le Covid-19 et post-pandémie a été renforcée en rendant pour des durées ciblées, le télétravail obligatoire.
La technologie pour répondre aux besoins nouveaux, en créant des outils formidables a mis fin au monde ancien. Zoom, réseaux privés virtuels sécurisés, etc.
Dans ma profession par exemple, il y a eu la naissance rapide du RPVA : réseau virtuel privé des avocats, sorte d’intranet national, hyper crypté, avec lequel et de façon obligatoire je dois communiquer avec les tribunaux et avec les confrères pour toute procédure contentieuse.
Ainsi et de fait, les échanges physiques en présentiel sont déjà à ranger au rayon des curiosités.
Mais cette situation entraîne des obligations comme la nécessité d’une maîtrise personnelle des outils numériques et la participation exigeante à la création d’une législation intelligente empêchant les dérives de tous ordres, sans brider l’innovation.
Le secret professionnel étant le principe absolu et intangible du métier d’avocat, notre besoin de sécurité pour nos écrits et nos conversations doivent être satisfaits à 200 % surtout pour l’exercice hors les murs du cabinet.
Le cryptage et l’authentification par la blockchain en sont encore à leur début, mais déjà leurs résultats sont très prometteurs.
Ils sont les enjeux de demain et constituent les conditions de l’avènement du travail nomade, celui-ci ouvrant des perspectives encore insoupçonnées.
Pour cela je remercie, tous les professionnels qui travaillent dur pour faire émerger ces services indispensables, d’autant qu’il s’agit souvent de pionniers passionnés se mettant au service du public de façon didactique, à l’image de Christophe Blazquez. »